mercredi 15 janvier 2014

Fais chauffer la carte bleue ! La vie à crédit en Amérique.

Quand on s'installe aux USA, on se retrouve vite confrontés à des termes inconnus en France : debit card et credit card. Le concept existe en France sous le nom de débit immédiat et débit différé. Cependant, et bien que je sois loin de comprendre tout ce que mon banquier me raconte, il y a une différence entre la carte de crédit française et l'américaine.

Aux U.S.,  une carte de crédit n'est pas l'équivalent de la carte bleue. En effet, une credit card est utilisée pour acheter à crédit, donc avec des intérêts derrière. Les taux de ces cartes peuvent être prohibitifs.
Au contraire, une debit card est l'équivalent de la CB car l'argent sera tout de suite prélevé sur votre compte.

Pour avoir une credit card (ce que à priori tout le monde veut avoir), il faut prouver n'avoir eu aucun découvert pendant 1 certain temps ainsi qu'un revenu mensuel régulier. Ça s'appelle un " historique ". On a besoin d'avoir un bon historique pour emprunter afin d'acheter une maison par exemple.

Comment se crée l'historique ? Commencer par prendre des cartes de crédit à la consommation et constituer ainsi l'historique. On va prédire votre solvabilité en fonction de la régularité des remboursements. Si la régularité est bonne, on peut emprunter à un taux raisonnable (4% par exemple) sinon on peut aller jusqu'à 17,5 % ! C'est donc un cercle vicieux car il faut être endetté avant de pouvoir s'endetter plus. C'est un peu comme les emprunts des pays européens ; plus ils sont dans une situation difficile et plus ils doivent payer d'intérêts.
La banque ajoute à votre "credit score" (historique) une note. Les critères d'attribution de cette note sont souvent dénoncés car ils sont pour le moins opaques et diffèrents d'une banque à l'autre.
Ce principe de " credit score " (historique) et de note attachée existe depuis 1950. Aujourd'hui aux USA votre employeur, proprio, compagnie de téléphone, etc peuvent connaître votre note ! Quelles interprétations peuvent-ils en faire ? Jauger la solvabilité, d'accord. Mais pour l'employeur ? Evaluer le sérieux, la valeur d'un homme ?

Cette note attachée à l'historique intervient souvent quand on achète sa premiere voiture et surtout au moment de l'emprunt étudiant. C'est un vrai piège car il faut compter en moyenne 24 000 dollars par année d'université. 6 mois après la fin des études, il faut commencer à rembourser... 30 ans pour s'en sortir parfois (médecins par exemple).
C'est l'argument donné par les médecins pour justifier des soins médicaux hors de prix dont une des conséquences est l'endettement de certaines personnes pour se soigner. Retour à la case crédit ! C'est aussi pourquoi certaines personnes ne se soignent pas.

En règle générale, les américains aujourd'hui n'épargnent pas ou peu (4% de leur salaire environ). Pas d'indemnisation chômage. L'électricité est tout de suite coupée si on ne paye pas (des voisins belges ont fait l'expérience).
Il manque semble-t-il une politique publique pour éduquer les gens à épargner, pour leur assurer des soins à un prix raisonnable et une protection sociale efficace.

Pour notre cas, on nous a demandé des cautions pour l'électricité, internet car on n'avait pas de credit history. On a payé plus cher l'assurance voiture aussi.

Les bons côtés des services bancaires américains :
- Avoir une debit card ne coûte rien.
- On peut demander du "cash back" à la caissière du supermarché. C'est à dire qu'elle peut faire office de distributeur de billets. Du coup, au lieu de payer ses courses, on demande un retrait et la caissière vous donne des billets. C'est toi qui fais les courses et la caissière te donne des sous !

Autre invention intéressante et bien tordue : le reverse mortgage ou comment jouer la valeur de sa maison pour acheter des choses dont on a " besoin ". Du coup on perd vite la maison ! Pour en savoir plus sur ce sujet, je vous conseille le film de Michael Moore " Capitalism: a love story ".
Voyez aussi " Sicko ", du même réalisateur. Ses infos sur les systèmes hors USA laissent à désirer mais il fait un portrait de son propre pays qui fait frémir...
Un coup de coeur spécial pour le film "La Stratégie du choc" qui explique comment l'idéologie libérale, voire ultre-libérale, s'est répandue dans le monde et s'impose maintenant comme la seule voie possible, dixit la célèbre phrase de Thatcher "There is no alternative !"

Merci à l'article sur l'épargne des américains de Natacha Tatu, Le Nouvel Observateur, 5 janvier 2012- N 2461.

1 commentaire:

  1. Malgrè toutes ces précautions pour obtenir cette fameuse crédit card, les gens se sont retrouvés à la rue car ils ne pouvaient plus rembourser des intérêts trop prohibitifs ...Vive l'ultra libéralisme !!!!!

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